En une cinquantaine d’années de pratique cycliste, nous avons connu de belles et réelles évolutions techniques : spectaculaires ou progressives, elles visent toutes à améliorer efficacité et confort, comme la multiplication des pignons à nos cassettes. Mais…
Nous avons même connu de véritables révolutions, avec l’arrivée des pédales automatiques à la place des fameux cale-pieds, l’indexation et le passage des vitesses aux poignées de freins, puis l’arrivée des groupes électriques. D’autres innovations, moins spectaculaires et radicales, ont incontestablement rendu la pratique cycliste plus agréable, notamment les progrès en termes d’équipement, chaussures, casques, textiles… Mais aussi, la multiplication des pignons, du moins, jusqu’à l’arrivée des 12 vitesses…
Pourquoi changer de braquet ?
En termes de cadence de pédalage, une valeur apparaît régulièrement : la cadence de 90 TPM (tours par minute) serait optimale. Cela signifie qu’à cette cadence, vous exprimez au mieux votre puissance. Elle correspondrait donc au meilleur compromis entre force et vélocité. Dans les faits, c’est incontestable : à 90 TPM, le coup de pédale est fluide. Mais cela ne vaut que sur le plat et en l’absence de vent. En effet, si vous modifiez un seul de ces paramètres, la cadence de pédalage optimale change. Plus le pourcentage de la pente est important et plus la cadence de pédalage optimale baisse. Une cadence de pédalage à 90 TPM est facile à tenir sur le plat. Dans une pente à 5%, c’est compliqué. Dans une pente à 10% et plus, c’est quasi impossible. Plus vous allez subir la pente et plus votre marge de manœuvre sera réduite : si vous descendez ou si vous remontez ne serait-ce qu’une dent, vous pouvez vous mettre en difficulté…
Retour vers le futur…
Mais voilà, remonter ou descendre d’une dent, est devenu quasi impossible avec l’arrivée des cassettes à 12 pignons. Les plus anciens d’entre nous ont roulé sur des vélos « 10 vitesses », le top d’une époque, ceci correspondant à 2 plateaux et une cassette à 5 pignons ; puis c’est passé à 6, 7, 8, etc. Jusqu’à encore assez récemment, 11 pignons. Jusque-là : nickel. Depuis l’époque des 5 pignons, toutes les combinaisons de cassettes étaient disponibles. Dans notre petit atelier, une multitude de cassettes 11 pignons sont soigneusement rangées, afin de permettre un choix judicieux en fonction du besoin. Par exemple, nous adorons celle de 12-25 – dent à dent du 12 au 19 – pour une course de fédération, ou la 11-32 quand on va grimper le Ventoux… Mais depuis un mois et l’acquisition d’un vélo dit « moderne » – et il l’est sur de nombreux points – tout ceci est du passé ! Avec son groupe Shimano Di2 12 vitesses, notre fabricant japonais ne propose plus qu’un choix entre deux cassettes : 11-30 ou 11-34 ; comme si le cyclisme ne se pratiquait plus qu’en montagne… Quand avons-nous besoin de 30 ou 34 dents si ce n’est lors de l’ascension d’un col ? Avec la cassette la plus resserrée, si tout reste impeccable jusqu’au pignon de 17 dents, celui de 18 dents manque déjà, et surtout, on passe directement de 21 à 24 dents : 45 cm de différence avec un plateau de 36 dents ! C’est un fossé qui ne permet pas de maintenir une cadence idéale en montée. Même à l’époque où le nombre de pignons était plus restreint, on évitait ce type d’étagement… Et que dire des deux autres grandes marques qui font le choix de débuter leurs cassettes avec un pignon de 10 dents, que les pros rechignent même à utiliser ? Ils disent qu’il est difficile « d’enrouler » un tel développement, et que la différence est trop importante au passage du 11 dents. Vous avez dit « évolution » ?
Bruno CAVELIER
magazine cyclo coach n°80
Retrouvez cet article et une multitude de conseils, reportages et tests, dans le numéro 80 de Cyclo Coach actuellement en kiosque, jusqu’à fin août !