Adoptez le meilleur braquet pour grimper

Il n’existe pas de cadence de pédalage optimale adaptée à tous les cyclistes et à toutes les pentes. Croire qu’il suffit de mouliner pour grimper efficacement un col est une erreur. Chacun doit trouver sa cadence idéale suivant les circonstances.

Pédaler n’est pas un mouvement facile, comme certains cyclistes peuvent le penser. Il ne suffit pas d’appuyer bêtement sur les pédales pour avancer efficacement. Pédaler met en jeu une trentaine de muscles. Certains nous servent à avancer, d’autres ne sont pas propulsifs mais assurent la stabilité du bassin et du tronc. Ce sont donc des muscles posturaux. Pédaler sollicite diverses articulations : celle de la hanche, qui est fixe et immobile, l’articulation du genou, libre évidemment tout comme celle de la cheville.

Le pédalage à la loupe

– Le pédalage est une activité cyclique : un même mouvement continu se répète tout le long de l’exercice. 

– Les muscles sollicités au cours d’un cycle de pédalage se contractent alternativement en régime de contraction concentrique et excentrique. 

– Un cycle de pédalage est composé de quatre phases dont deux qui participent à la propulsion : ce sont les phases d’appui et de traction et deux autres dits « points morts » : lorsque la pédale est au point le plus haut et bas du cycle. Ces deux « points morts » ne sont pas des phases propulsives.

– L’efficacité du pédalage n’est pas constante tout au long d’un cycle : elle est maximale avec un pic de force lorsque la pédale est située à 90 et 270°, et est nulle à 0 et 180° (« points morts haut et bas »).

– Toutes les forces appliquées à la pédale ne sont pas directement utiles à la propulsion. Seules celles qui sont perpendiculaires à la manivelle le sont.

Question de puissance

La cadence de pédalage idéale lorsqu’on grimpe un long col est celle qui permet d’être performant sur la durée, c’est-à-dire de développer des puissances élevées : force et fréquence doivent être optimales pour minimiser le coût énergétique. Le coût énergétique représente la quantité d’énergie dépensée par unité de distance parcourue. Avec la consommation maximale d’oxygène et la puissance critique, le coût énergétique influence la performance d’un cycliste, sur le plat comme en montée. Le coût énergétique dépend de nombreux facteurs, dont l’efficacité du pédalage. Au cours du pédalage, deux phénomènes sont coûteux en énergie : la production d’une force élevée et l’exécution de mouvements rapides. Il existe une zone optimale de cadence de pédalage et de force appliquée aux pédales qui permet de minimiser la dépense énergétique. Au-delà et en-deçà d’elle, toute modification de la cadence de pédalage et de la force appliquée détériore le coût énergétique donc altère l’efficacité du pédalage. Pour minimiser le coût énergétique, développer des puissances élevées est inutile si une grande partie de l’énergie produite ne sert pas à avancer, donc est perdue. Vous devez aussi gérer la fatigue : sur des efforts de longue durée donc à moyenne intensité, la fatigue intervient après plusieurs heures et trouve son origine dans l’augmentation de la température corporelle, l’altération de la contraction musculaire, la baisse des réserves énergétiques, etc. Parler de cadence de pédalage optimale n’a de sens qu’en intégrant tous ces facteurs.

Comment choisir votre braquet ?

Le choix de tel ou tel braquet doit être le meilleur compromis entre un petit braquet, lequel permet de minimiser les tensions musculo-tendineuses, et un grand braquet, qui diminue l’énergie perdue par gesticulation. Pédaler à des fréquences élevées induit en effet un surcout métabolique dû à la mobilisation des membres, à la contraction de muscles supplémentaires (dont les posturaux) et à des contractions parasites. Généralement, mises à part quelques exception, les cyclistes expérimentés adoptent spontanément des cadences de pédalage plus élevées pour une même intensité relative donnée car, à force d’expérience, ils ont acquis une coordination efficace, une technique de pédalage plus aboutie : ils dépensent donc moins d’énergie inutile. Sous l’effet d’un entraînement régulier, la coordination musculaire s’améliore. Les groupes musculaires se contractent dans un ordre séquentiel beaucoup plus précis et efficace. Ce pattern d’activation musculaire évolue avec l’intensité et la direction des forces produites et donc avec la fréquence de pédalage adoptée. Les fréquences de pédalage élevées sont probablement plus coûteuses en énergie mais dans le même temps, comme elles minimisent les contraintes sur les muscles et lorsqu’il s’agit d’enchaîner les cols ou les étapes, le choix de fréquences de pédalage élevées est sans aucun doute à privilégier. Mais attention, ce qui est vrai pour les cyclistes expérimentés ne l’est pas forcément pour les autres. Donc, il n’existe pas une cadence optimale de pédalage, mais une cadence de pédalage adaptée à un individu et intégrée dans un contexte donné. Finalement, il faudrait plutôt parler des cadences optimales, lesquelles dépendent donc de facteurs d’ordre physiologique, biomécanique et proprioceptif. 

Ainsi, la cadence de pédalage doit augmenter proportionnellement à la puissance de manière à minimiser les forces développées. Le problème est que l’accélération de la cadence de pédalage entraîne une baisse plus importante de la force utile à la propulsion. L’efficacité du pédalage diminue pour des fréquences élevées. Ceci est d’autant plus vrai que la puissance développée est faible. Le surcoût métabolique induit par des cadences de pédalage élevées tend à diminuer au fur et à mesure que la puissance développée augmente et de l’expérience du cycliste. Elle dépend aussi de l’environnement (vent, chaleur, etc.) et du contexte, notamment de la fatigue.

La meilleure cadence de pédalage dépend de 3 facteurs

  1. Du cycliste et de sa technique de pédalage et de ses caractéristiques physiques. 
  2. Des caractéristiques de l’exercice, c’est-à-dire de sa durée, du profil de la pente et de son intensité. 
  3. De l’objectif recherché. Lors de l’ascension d’un grand col, c’est de rouler régulièrement pendant une longue durée. Dans ce cas, il faut rechercher à minimiser le coût énergétique : rouler vite à peu de frais. Conseiller l’utilisation de tel ou tel braquet est donc impossible. Le seul conseil véritablement valable serait de sans cesse adapter vos braquets en fonction du contexte et de vos propres sensations.

Photos : David Machet / Cyclo Megève Mont-Blanc

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